Près d’un an après l’atelier collaboratif codesigné avec CARA, Bernard Modat, président de CARA et Jeanne Bernard, facilitatrice, coach et fondatrice de Katsi, reviennent sur cette expérience collective.

Bernard Modat est président de CARA, président du CA de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Saint-Etienne et administrateur du Lou Rugby depuis 3 ans. Il a également été notamment directeur général en charge de la stratégie de marque chez Renault Trucks.

Le gouvernement a lancé en 2018 un appel à candidatures pour désigner les pôles de compétitivité sur la période 2019-2022. La demande de labellisation a demandé une réflexion et un travail sur la stratégie de chaque pôle. C’est dans ce contexte que CARA a fait appel à Katsi en avril 2018. Les objectifs de l’atelier étaient de définir les enjeux de l’écosystème CARA des 5 prochaines années et d’identifier le rôle de CARA face à ces enjeux.  L’atelier, qui s’est déroulé en juin 2018 au Lou, a rassemblé environ 50 participants issus du conseil d’administration, de l’équipe CARA et également de l’écosystème adhérent du cluster.

CARA fait partie des 48 pôles qui ont été labellisés en février 2019 pour quatre ans.

Rencontre avec Bernard Modat, président du cluster et pôle de compétitivité CARA

Jeanne Bernard : Qu’est ce qui t’a amené à faire appel à un facilitateur pour ce projet ?

Bernard Modat : L’enjeu était important. Il s’agissait de définir le projet et avoir les éléments pour construire la stratégie du pôle. L’enjeu était aussi la labellisation. C’est moi qui aie demandé que l’équipe ait une aide pour que ce ne soit pas fait en chambre mais que ce soit fait en co-construction. Nous sommes une association, il y a plus de 200 membres, un conseil d’administration … c’était important de les associer au processus, pour qu’ils s’y reconnaissent, qu’ils entendent le point de vue de chacun. La facilitation permet à tous de mieux comprendre l’image globale.

La méthodologie que tu as proposée, que tu maîtrises, elle est pertinente. Il y a tout un travail de préparation. C’est assez impressionnant. Même le jour de l’événement. C’est assez impressionnant ce que vous faites. C’est professionnel. C’est très clair. Toute l’équipe de préparation chez nous était clair sur comment cela allait se passer. Nous avions travaillé ensemble. J’étais en phase parfaitement avec les approches que tu proposais. Et cela s’est vu puisque la journée c’est super bien passée. Nous avions des retours très positifs des participants ; tout le monde s’était enrichi des uns et des autres. Et donc un grand merci pour tout ce travail là.  Ce n’était pas un investissement vain, au contraire… c’était indispensable.

J.B. Est-ce que l’atelier a contribué à la labellisation du pôle CARA par l’Etat? Comment ?

B.M. Heureusement qu’on la fait. C’est sûr. Si nous ne l’avions pas fait, nous n’aurions pas pu rendre cette copie. Le gros avantage d’avoir fait ce travail avec toi, c’est que cela nous a permis d’avoir la matière première. Le cahier des charges est tombé mi-juillet pour une copie à rendre début octobre. Et il faut compter les vacances d’été. Même si le rythme et le travail ont été très intenses pour la rédaction et finaliser de dossier de candidature, l’équipe a pu commencer à travailler sur cette matière avant de recevoir le cahier des charges. Résultat, en un mois et demi, après réception du cahier des charges, nous avons été capable de rédiger un dossier qui a été jugé par l’état comme excellent. Nous avons été aussi labellisés.
Nous étions le plus petit pôle « automobile ». Cette labellisation est un beau succès. Et le fait que tous les acteurs aient participé à l’atelier, à la création de cette matière première, vivent le pôle… cela a forcément un lien avec ce succès.

J.B. Au niveau de la phase de préparation, qu’as-tu apprécié ?

B.M. La méthode !! C’est une méthode qui permet d’avancer. On voit tout suite qu’il y a une structure. On avance étape par étape et ça c’était important.
Et en plus, tu as cette capacité à visualiser, tu écris, dessines ce qui est en train de se passer, ce qui permet d’avoir une représentation commune de ce qu’il vient de se passer. Donc à la fois la méthode et aussi cette capacité à nous permettre d’avoir cette vue commune. C’est un vrai point fort qui n’est pas commun.

J.B. Pourquoi tu recommanderais la facilitation ? Sous quelles conditions ?

B.M. Quels sont les sujets qui ne peuvent pas être traité par de la facilitation ? Il n’y en a pas beaucoup… est ce qu’il y en a d’ailleurs ?
Nous sommes une association où chaque membre est aussi important. Il est important que chacun se sente comme à la maison. Dans notre contexte, je ne vois pas quel type de problématique ne pourrait pas bénéficier d’accompagnement. Pour mieux travailler ensemble aussi. 
Que ce soit dans une recherche technique sur les think tank. Nous ne l’avons jamais fait. Mais je suis sûr que l’on peut l’améliorer. Les think tank sont un des outils de base pour que les associations fonctionnent mais elles sont organisées par des ingénieurs. Donc c’est structuré avec 1. 2. 3. … mais est ce qu’il ne manque pas la phase 0 pour que 1. soit bon ?
La facilitation permet de donner un terrain de jeu pour que les gens se sentent bien et en confiance pour travailler ensemble. Qu’ils se sentent libres. Cela permet d’ouvrir les sujets, les propositions ensemble et être capable de fermer après, faire des choix. La facilitation, par définition, c’est un outil excellent pour cela. Ce n’est pas naturel, ce n’est pas spontané. La facilitation c’est un vrai plus.
C’est le cas aussi dans une entreprise. Pas seulement une association. Il y a besoin d’ouvrir et créer des ponts entre les départements. La facilitation va permettre de trouver le pourquoi nous faisons les choses et non mettre en avant une idée qui nous vient mais personne ne sait pas pourquoi. On a plus de profondeur.

J.B. Au-delà de l’atteinte des objectifs, qu’est ce que l’atelier a permis à CARA de faire, le petit plus ?

B.M. Consolider ce qu’on est … à savoir que notre raison d’être c’est « les projets collaboratifs ». Nous l’avons rendu concret. Et nous l’avons rendu concret auprès des membres et du CA aussi.

J.B. Si je te dis que la facilitation, « c’est juste mettre en place les bonnes conditions pour…»

B.M. Non il ne faut pas dire « juste ». C’est essentiel. Cela permet de responsabiliser des équipes. Cela fait vraiment bouger. Tu mets de la facilitation en place dans une équipe, tu leur offres une indépendance par rapport à leur structure hiérarchique dans le métier. Ils se responsabilisent collectivement, ils savent pourquoi ils font tel ou tel choix, et ils ont envie de porter ces choix. Le moment où il y a un problème sur le projet, les équipes ne se relancent pas la balle. Chacun prend sa part et cela se fait simplement.

J.B Qu’est ce que tu aurais aimé avoir de plus ou de moins ?

B.M. Une aide pour continuer la même dynamique après. L’atelier a été très productif et il y avait un gros travail de synthèse après l’atelier. Nous avions très peu de temps pour faire des choix sur la stratégie de CARA. Nous aurions eu besoin de temps avec toi, comme en préparation, pour que tu nous apportes de la méthode encore.

J.B. Merci Bernard pour ce temps d’échanges et ces retours ! Et merci à toute l’équipe CARA pour votre accueil !

Cet atelier a été facilité par une équipe de trois facilitatrices dont Gaële Lavoué et Manon Bernard. Merci à toutes les deux!

Vous avez une question sur la méthode utilisée? Sur le déroulé d’un projet? N’hésitez pas à les poser dans les commentaires ci-dessous. Merci

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